• 2 | The way you died

    Cela faisait maintenant huit jours qu'ils avaient quitté la montagne où se situait la maison de maître Urokodaki. Giyu et Sabito étaient partis pour la sélection finale. Mizushin s'entraînait sans relâche pour rapidement rejoindre la sélection suivante. Elle voulait pouvoir parcourir le Japon avec eux, un trio invincible et sans failles, tant en amitié qu'en puissance.. Mais pour l'instant, ce qui comptait, c'était  aujourd'hui. C'était le huitième jour, le jour où Giyu et Sabito devaient revenir. Mizushin ne s'en faisait pas. Si jamais ils ne revenaient pas, cela voulait simplement dire qu'ils devaient pratiquer des trucs de cérémonies étranges donc elle n'avait pas la notion. Et puis elle savait que Sabito rêvait de devenir un vrai pourfendeur avec un titre officiel depuis longtemps.

    Mais elle aimerait tellement les voir rentrer.. elle imaginait déjà une espèce de fête pour leur succès.. Une fête où ce serait elle qui ferait à manger pour une fois. Une fête où Giyu pourrait sourire, où il pourrait oublier ses défauts quelques heures.. Si jamais elle savait comment le rendre sincèrement heureux..

    Puis Sabito pourrait compter des tas d'histoires à propos de la sélection à Makomo.. il pourrait se gaver de nourriture (parce qu'il le ferait sûrement) et il s'excuserait auprès d'Urokodaki pour avoir mené Giyu avec lui.

    En parlant d'Urokodaki avait d'abord était fâché d'apprendre que Giyu avait désobéi (pour la première fois apparemment). Puis il admit qu'il avait peut être était dur avec lui et qu'il était certainement largement compétant pour passer la sélection. Mais même avec les propos qu'il disait chaque jour pour se rassurer, il ne cessait jamais de trembler, de fixer le vide, d'avoir une sorte d'aura d'appréhension ou bien de se ronger les ongles.

    Mizushin pensait que c'était sa façon de veiller sur ses apprentis. En fait, elle ne le pensait pas. Elle s'efforçait de le penser pour cacher sa propre peur. Elle avait si peur.. si jamais ils mourraient tout deux ? Non.. c'était totalement impossible, cela relevait de l'imaginaire. Non, même l'imaginaire ne pourrait s'autoriser telle absurdité. Elle le savait, il allait revenir. Giyu allait revenir, et il pourrait profiter de la fête comme les autres.

    De son côté, elle avait continuait à entraîner Makomo, comme Sabito le faisait avec elle. Je l'avait déjà écrit précédemment, mais Mizushin doit une immense partie de son apprentissage à Sabito. Il lui avait trouvé un katana plutôt convenable à son style de combat, il lui avait montré les différents mouvements de l'eau, lui avait appris à les manier en l'air, il lui avait montré que grâce au souffle de l'eau, elle pouvait également mieux s'adapter dans l'eau. Son souffle pouvait tenir plus longtemps en apnée, ses déplacements devenaient plus fluides et ses techniques se voyaient renforcées sous l'eau. Elle avait donc montrer à sa soeur des tas de mouvements précis qu'elle reproduisait à merveille en un rien de temps.

    Makomo avait toujours était très compétente. Elle n'était pas très forte en force physique, mais dès qu'il s'agissait de l'esprit, elle dépassait la majorité des gens. Elle comprenait tout avec très peu d'informations, c'était vraiment étonnant et bizarre en même temps. En revanche, si vous vouliez des explications sur quelque chose, ne lui demandait pas, vous ne comprendriez rien.

    Mais Mizushin ne s'était pas occupée que comme cela pendant cette interminable semaine.

    Elle avait aussi écrit des chansons et prié pour que rien n'arrive à Giyu.

    Et ce jour là, elle l'attendait dans la clairière, continuant l'entraînement.

    Ce jour là, la neige ne tombait pas. L'air était froid, mais rien de plus.

    Ce jour là, pour la première fois, elle aperçu Giyu sans sa lueur dans les yeux.

    Ce jour là, elle se sentit plus perdue que jamais.

    Il était rentré.. Rentré seul, sans rien dire et sans même lui adresser un regard. Il était là sans l'être.

    Quand Mizushin aperçu sa silhouette à l'horizon elle lâcha son katana et accourue. Elle se jeta sur lui pour l'enlacer. Mais elle se retrouva dans l'herbe humide. Quant elle demanda à Giyu comment cela c'était passé, il ne dit rien. Même sa démarche en devenait inquiétante, il semblait presque rampait debout, ses pieds trainaient sur le sol et ses mains semblaient sans vie..

    Au début, les premiers jours, elle pensa que cela devait être dû à la fatigue et à la reprise de conscience après le passage d'une épreuve si difficile. Il devait peu être se dire que Sabito avait était plus fort que lui, et donc démoralisé un peu ? Non ?

    Mais au fil des heures, des jours, et bientôt des semaines, Giyu ne changeait pas. Il gardait ce même regard vide et sans couleurs.

    Il veillait tard, il ne mangeait presque pas puis il faisait tout pour éviter Mizushin, Makomo et même Urokodaki-sensei.

    Alors, Mizushin choisit de le suivre, encore une fois, elle s'inquiétait tant.. elle en avait mal au ventre la nuit, elle transpirait tant elle avait peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Il était vraiment si "faible" que ça par rapport à Sabito ? Avait-il était renvoyé ici parce qu'il avait échoué ?!

    Il s'enfonçait loin dans la forêt la journée, et mangeait quelques baies qu'il trouvait en chemin. Elle se rappelait de ses mots "c'était pour me punir" ils résonnaient dans sa tête comme un cauchemar. Et ils apparurent très vite dans ses rêves, afin de les transformer en cauchemars. C'est comme si les films d'horreur avaient été créés pour elle. Elle imaginait toujours des scénarios plus horribles les uns que les autres. Au début, elle n'osa pas suivre Giyu trop loin dans la forêt. Urokodaki le leur avait interdit. Mais son anxiété prenait de plus en plus de place en elle, alors elle franchit la limite que leur avait imposé leur maître. Et ce qu'elle y découvrit..

    Giyu partait chaque jour au même endroit. C'était une petite clairière ronde cernée par des pins. Il s'y trouvait de grands rochers tranchants. La terre brute qui la tapissait était tachée de toute part d'une couleur rouge foncé. Comme si de la peinture avait giclé. Il y en avait aussi sur les rochers, mais vu leur dispositions, ces tâches ne devaient pas être là part hasard où maladresse. Ci et là se trouvait des éclats de roches brisés, mais ce qui se voyait le plus, c'était cette plante. De l'ortie si Mizushin ne se trompait pas, et elle était plutôt bien calée là dessus. Il y avait des tiges entières arrachées, éparpillées un peu partout dans la clairière. Il y avait aussi quelques traces de "griffes" au sol. Mizushin resta bien cachée pendant toute cette matinée, où Giyu se trouvait dans cette clairière. Elle le vit relever les manches de son haori rouge (il appartenait à sa sœur, il lui avait dit auparavant, il lui avait aussi dit qu'il y tenait particulièrement), sur ses bras, de nombreuses entailles, coupures et cicatrices apparurent. Il pleurait en silence, elle le voyait d'ici. De longues larmes coulaient sur ses joues, comme le poids d'une immense erreur. Voulait-il se punir pour avoir échouer..? Avait-il réellement raté la sélection?  Puis il prit des orties et les enfonça dans ses plaies sans émettre le moindre son comme si il faisait ça depuis des années. Le sang imbibait la plante tant il saignait. Mais il ne bougea pas. Il semblait dans une espèce de trans terrifiante et insoutenable. Puis après avoir procédé de la même façon sur ses nombreuses blessures (Mizushin apprit par la suite qu'il se scarifiait également derrière la nuque, sur le ventre et les chevilles) il commença à ouvrir ses marques plus profondément contre les rochers. Son visage était marqué par la haine. Une haine profonde envers soi même. Une haine qui enveloppé tout son être. Comme si il venait d'égorger un proche lui même. Le sang coulait lentement de ses membres, comme si lui même le suppliait, lui, intérieurement d'arrêter. Mizushin aurait tant aimé crier. Mais dès qu'elle tentait d'ouvrir la bouche, une peur interne la tétanisée. Elle n'osait même pas bouger pour lui faire un câlin, pour arrêter les hémorragies, pour le soutenir, l'aider..

    Une fois qu'il eu estimé que le sang avait suffisamment couler, il trempa son doigt dans une flaque et commença à écrire sur la pierre. Mizushin mit un moment à parvenir à lire ce mot qu'il écrivait sur la roche.

    Pardon

    Elle ne comprit pas immédiatement pourquoi, mais cela venu plus tard.

    Il n'écrivait que ce mot, uniquement celui ci.

    Puis, soudainement, pris d'une pulsion inconnue, il se mit à hurler de toute ses forces en se griffant le visage.

    Mizushin tremblait, son cœur avait si mal pour lui qu'elle ne pu que sortir de sa cachette pour le prendre contre elle. Il ne bougea plus un instant.

    "Mi- Mizushin..

    - Oui, c'est moi, je suis là Giyu, je t'aime."

    Il éclata en sanglot dans ses bras.

    "Je suis tellement désolé. Désolé pour tout. Je suis inutile, pardon, pardon! Je n'ai même pas était assez fort pour te parler ni même te regarder ces derniers jours..! Pardon pour tout, je.. Je t'en pris excuse moi, pardonne moi.. j'ai étais le pire ami et petit ami possible. C'était horrible! Non..! Je suis horrible ! Je me hais ! Tues moi, tues moi ! Je n'y arrive pas, malgré toutes mes tentatives mon organisme m'empêche de me tuer ! Je te supplies à genoux, tues moi, je n'arrive plus à voir la lumière devant moi, je ne vois que des ombres, je ne vois que la mort, que la peur, la douleur, les cris, les pleurs, la peine, l'horreur puis l'effroi que provoque la vie en moi. J'ai si peur.. promets moi de ne pas devenir pourfendeuse Mizushin, je ne veux pas te perdre.. toi aussi.. Je ne pourrais pas vivre avec ça.. Je..

    Mizushin, les larmes aux yeux attendit qu'il finisse sa phrase mais il s'était évanoui.

    Quant il se réveilla, il était allongé dans la clairière, Mizushin avait déposé une serviette humide sur son front et elle attendait, sourire aux lèvres, agenouillée près de lui. Mais ses larmes trahissait son bonheur de le voir éveillé. 

    - Je t'en pris Giyu, raconte moi tout..

    Il ferma les yeux un moment avant d'inspirer profondément et de se lancer dans son récit :

    - Le premier jour de la sélection, on nous a dit que le but était simple : survivre une semaine dans une forêt pleine de démons. Moi et Sabito avions remarqué que peu de pourfendeurs participaient à la sélection hivernale, surement à cause du froid. J'avais bien vu que Sabito était inquiet en permanence.. Mais.. au début, je me suis dis qu'avec lui ce serait si simple.. Qu'on arriverait sans problème à la fin de la sélection.. Qu'on la réussirait ensemble tous les deux.. Qu'on réaliserait enfin son rêve qui lui tenait tant à cœur.. Mais.. quand.. le deuxième jour, alors que nous étions dans la forêt à aider les autres pourfendeurs, un énorme démon avec de multiples mains nous a attaqué. Il s'en prenait aux autres mais hurlait sans arrêt des propos incohérents par rapport à Urokodaki.. Et il a fini par s'attaquer à moi. Il.. m'a blessé l'œil. Tu sais, l'œil que j'avais bandé en revenant. Puis Sabito qui s'occupait d'aider les autres pourfendeurs blessés me confia à l'un d'entre eux. Il tenait tant à moi.. Je.. est ce que tu te sens prêt à m'écouter Mizushin..?

    Elle serra les dents. Etait ce si important ? Pour qu'il hésite lui même à le dire ? Elle prit la main de Giyu.

    - Oui vas-y. Je t'écoute.


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